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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 12:15

Voici la Boule Rose.
C'est un immeuble de six étages, situé au numéro 3, en haut de la rue des Eglantiers. En haut… Pourtant la rue des Eglantiers n'est pas en pente, mais on dit le haut de la rue parce que le bas désigne la direction de la ville, et qu'en se rapprochant du centre ville, on a l'impression de descendre.
Parce qu'il est plus agréable ou plus facile d'aller vers la ville que d'en revenir.
Ou parce que les terrains récents sont, en général, au-dessus des couches anciennes.
Du coup, en disant le haut de la rue des Eglantiers, on comprend que le numéro 3 est du côté "banlieue nouvelle" et que le bas du côté centre historique, même si l’histoire ne remonte pas très loin.

Quant à Eglantiers, inutile de chercher les roses. On dit églantiers parce que c'est marqué sur les plaques adresse.  Une qu'on repère facilement, mais trop tard, en sortant du Rond Point des Tulipes et l'autre, accrochée à un piquet jaunâtre, qu'il faut connaître, au coin de la rue des Glaïeuls.
On l'a deviné, le 3 de la rue des Eglantiers, se trouve dans le Quartier des Fleurs. Même, plus précisément, au coeur du bouquet.

Il y a plus loin le Quartier des Peintres et le Quartier des Oiseaux. Comme Eglantiers n'est pas le nom d'un peintre ni celui d'un oiseau, à ma connaissance, ni celui d'un poisson d'ailleurs, ce qui ne serait pas grave puisqu'il n'y a pas de Quartier des Poissons, le facteur sait où aller.
Les choses sont bien faites.
Le 3 de la rue des Eglantiers.

Il ne faut pas confondre pas l'immeuble du 3 avec l'immeuble voisin, le numéro 17 ou avec l'un de ceux situés de l'autre côté du terrain vague. L'immeuble que je décris est le rose rose, alors que les autres font dans le rose jaune, le rose violet et le rose vert.
Si on vient de nuit, on distinguera mal les couleurs. On pourra alors tenter de repérer l'abri d'autobus qui se trouve au pied de l'immeuble, sous un grand lampadaire. La nuit, ce n'est pas chose facile car les services municipaux ont décrété une fois pour toutes que cet arbre de métal rouillé, sans feuille ni couronne, ne fait pas partie de l'éclairage public.
Il vaut mieux arrêter un passant et lui demander son chemin.
Quoique la nuit, il faut éviter d’arrêter un passant.
Venir le jour reste la meilleure solution.

A cet endroit, il y a moins de dix ans, un flâneur, vraisemblablement un étudiant en sociologie ou en architecture, aurait perdu ses chaussures dans un mélange d'argile, de merde et de polystyrène.

Bref, un immeuble moderne dans un quartier moderne, situé dans la banlieue moderne d'une ville moyenne de France.

Le 3 de la rue des églantiers.

Il y a deux entrées, qu'on désigne par bâtiment A et bâtiment B.
Bizarrement puisqu'il n'y a qu'un seul bâtiment.
Ou alors il y en a deux, accolés l’un à l’autre, précisément, bord à bord, pour faire un seul volume, harmonieusement composé de six faces rectangulaires: une quelque part en dessous, une au-dessus pour le toit, une devant et une derrière, celles-là sur le modèle du mot croisé, et les deux dernières sur les côtés, dans le style presse livre pour tenir les autres.
Au lycée, on apprend que ça s'appelle un parallélépipède mais, dans le quartier des Boules, on préfère dire la Boule Rose.
Boule parce qu'il y a de l'art moderne pas loin, Rose parce les gens savent reconnaître les couleurs, et Boule Rose parce que les résidents aiment la poésie.

Les quelques antennes paraboliques qui fleurissent sur la façade côté rue des Eglantiers indiquent aux randonneurs qu'elle est située plein sud.
C'est bien pratique, et apporte une petite touche de gaieté que ne désavouerait pas un metteur en scène.

Il y a même des ascenseurs.
Un par bâtiment.
Ils sont capables, quand ils fonctionnent, d'emporter trois adultes de poids moyen, ou deux adultes dont un revient de la grande surface voisine, ou un adulte et son vélo, ou deux vélos. Dans ce dernier cas, une bonne concertation via la cage d'escalier sera nécessaire. Elle est en tout cas possible. Nombre d'églises n'ont pas cette acoustique. Le mérite en revient à ce genre de matériau, en cinq lettres, qui fait la prospérité des vendeurs de perceuses à percussion : le béton.

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commentaires

E
<br /> Famille nombreuse et famélique ,nous ne mangions pas tous les jours.<br /> Le quartier ne regorgeait pas d'approvisionnement car il était habité par des personnes agées..<br /> 3,rue des églantiers il m'en souvient encore.<br /> Ces personnes mangent peu,ne gaspillent rien ,par avarice car elles ont leur part de paradis à achéter...Aussi elles aiment mourir riches..<br /> Tout manquait même le quignon de pain et la croute de fromage auraient trouve grace à nos yeux, à défaut d'un bon bout de jambon.<br /> parfois les vieux décédaient et personne ne s'en rendait compte.<br /> Un de mes frères qui furetait partout découvrit un jour ,gisant sur son vieux matelas, madame Ducoin,la locataire du 1èr..<br /> Encore tiède..Morte.<br /> Souvenir marquant de ma tendre enfance,il me semble dater d'hier.Les jours se sont'enfuis d'un vol mystérieux mais le sourire de la gisante est encore vivace en moi...<br /> On aurait dit qu'elle était heureuse et nous disait"prenez petits ,prenez"<br /> Période faste s'il en fut...<br /> Depuis je suis parti à la campagne,moins surpeuplée,le grand air..<br /> Je suis devenu végétarien..<br /> Tout compte fait,rat des champs ce n'est pas si mal..<br /> <br /> <br />
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